LES PROFESSIONNELS

Ce qu'ils en disent...


LE DEUIL   Christophe FAURE 

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Christophe FAURE est psychiatre - psychothérapeute en pratique libérale à Paris spécialiste de l'accompagnement en fin de vie, du deuil et du travail de deuil des proches. Il est auteur de nombreux ouvrages chez Albin Michel comme « Vivre le deuil après le suicide d’un proche » ou «  Vivre le deuil au jour le jour » ; il est très investi dans de nombreuses associations comme « Apprivoiser l’absence » où il anime des groupes de paroles ainsi qu’avec J.P.V.

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Plongés en plein désarroi car nous n'avons pas les moyens de traverser cette épreuve, tellement insupportable à faire entrer dans notre quotidien; nous n'aimons pas être confrontés à l'impuissance alors nous essayons de nous protéger de cette réalité...

Autrefois, les rites étaient plus marqués. Ils permettaient de partager un moment collectif de souffrance, de rendre hommage de façon spectaculaire et de canaliser sa souffrance par son aspect organisateur. Ils inscrivaient le deuil dans le temps. On portait le deuil. Aujourd'hui, débarrassés de ces codes, nous subissons l'injonction: "Allez-y, tournez la page, il faut rentrer dans la vie quotidienne".

Aucun deuil n'est impossible. Il y a une intelligence en nous, une volonté de cicatrisation psychique après la perte d'un proche.

Les conditions du décès sont les grands pourvoyeurs de problèmes. Certaines idées reçues sont fausses. Plus l'attachement a été long, plus le deuil est difficile.


"Faire" son deuil n'a pas de sens, le mot est mal choisi. On ne finit pas d'être en deuil, on VIT dans le deuil. 


Les EXPERTS Europe 1-12/11/2012  

Comment surmonter un deuil ? 

 

Une conférence PASSIONNANTE 

du Mardi 18 Octobre 2011 de l' INREES

Les dimensions du deuil

Comment vivre le deuil ? Conférence du Dr. Christophe Fauré pour comprendre et intégrer les expériences qui y sont associées

 


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7 étapes : 

- 1 – Le Choc 
- 2 - Le Déni 
- 3 – La colère et le marchandage 
- 4 – La tristesse 
- 5 – La résignation 
- 6 – L'acceptation 
- 7 – La reconstruction: l’acceptation

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POINT POLEMIQUE :


On a tous appris en classe de philo les stades de deuil qui datent des années 50, or c'est inexact. On sait qu'en réalité, ce sont des états émotionnels très variés, dans un ordre très varié et surtout qui se chevauchent. 


On l'oublie souvent : le deuil met aussi le corps à rude épreuve. A la fatigue s'ajoute parfois l'épuisement des années d'accompagnement du proche malade. Que la mort soit annoncée ou pas, un état de stress chronique peut s'installer, entraînant des perturbations biologiques, dont une baisse transitoire des défenses immunitaires, qui peuvent faire le lit d'une maladie. " Le deuil est un marathon qui s'étend sur plusieurs années, aussi est-il essentiel de prendre soin de soi ", indique le docteur Christophe Fauré, psychiatre et auteur de Vivre le deuil au jour le jour.


QUATRE ETAPES sur PLUSIEURS années 

Pour un enfant de 4 à 5 ans (conjoint 2 ou 3 ans), (on parle de la période aigüe, la plus âpre)

PREMIERE ETAPE                          LE CHOC, LA SIDERATION. LE DENI  jusqu'à 1 an

Protection contre ce qui nous tombe dessus, on fonctionne comme un robot, un zombie. Cela dure de quelques jours à quelques heures.

La façon dont nous allons vivre cette terrible perte va dépendre du vécus. Accident, maladie, suicide, les circonstances du décès vont influencer le début du deuil.

Cette première étape est tellement insupportable que nous allons développer des mécanismes psychiques de tampon entre nous et la douleur. Nous passons en mode automatique, sans pouvoir parfois  pleurer. 
Cet état second de protection peut durer un an, selon la brutalité de l'annonce et il ne faut pas s'en inquiéter.


DEUXIEME ETAPE                              LA PHASE DE FUITE / RECHERCHE 6 à 12 mois

Une étape qui va durer longtemps, de 6 à 12 mois, GARDER LE LIEN avec la personne perdue.

Par des photos, le message sur répondeur, pull, odeur, on cherche à retrouver le SENSORIEL..

Tout à fait normal même après 12 mois. Il faut résister à l'entourage qui pense que c'est pathologique, que l'on se complaît dans son malheur.

COMMENT EFFACER CETTE DOULEUR ?  

avec souvent dans l'idée : UN AUTRE ENFANT ?

Il faut se méfier particulièrement de comportements de report  affectifs excessifs sur d'autres enfants, de procédures d'adoption, qui même s'ils nous permettent d'avancer ne sont pas judicieux la première année de deuil. 

LA RECHERCHE 

- LE VOIR : sa photo et toute image qui le représente, du tatouage à la médaille...

- LE SENTIR : les produits qu'il utilisait, parfum, eau de toilette, son odeur dans ses vêtements, oreiller...
- LE TOUCHER : caresser des objets, ce qu'il a porté...
- LE SON : sa voix, la musique qu'il écoutait ...

VOULOIR MOURIR INCONSCIEMMENT

" je veux retrouver mon enfant que je cherche partout sur terre, j'ai tellement mal " Recherche extrême et particulièrement inquiétante.

LE SYDRÔME DU SURVIVANT


Ressenti d'une forme de trahison quant à la fore de l'amour, différent de la culpabilité car c'est par rapport au regard des autres mais qui peut également nous empêcher d'avancer.

BESOIN D'ACTIVISME

Remplir le vide de notre vie, ce trop plein de temps qui nous fait si mal.


TROISIEME ETAPE                                                  LA  PHASE DESTRUCTURATION

La plus difficile. Prise de conscience six à dix mois après que l'autre ne reviendra jamais plus.
Alors qu'on pensait que l'on était en voie d'apaisement, le manque et l'absence prennent une tonalité et une profondeur que l'on ne soupçonnait pas. Le problème, c'est que tout l'entourage pense que tut est réglé. Pendant un an à un an et demi, cette souffrance a une coloration dépressive.

Après le choc des premiers temps, on est moins entouré
et le "quotidien" reprend ses droits. On réalise alors que c'est pour de vrai, que la situation est irréversible et qu'il va nous manquer pour le reste de notre existence.

Pour commencer, il faudra faire un travail pour accepter la REALITE du décès, ce qui est très différent d'accepter le décès.

"OUI,  JE RECONNAIS QUE CELA S'EST PASSE. "

PREMIER ANNIVERSAIRE DE DECES

Il y aura des dates particulières qui seront pour vous de douloureuses piqûres de rappel, les fêtes, les anniversaires et bien sûr celui de la date de sa mort. Vous l'appréhendez, vos cauchemars vous hantent à nouveau. 
Et ne vous dites pas : "je n'ai pas fait mon deuil" expression qui ne veut rien dire. Cette date est marquée et ni les années ni le cheminement intérieur n'y changeront rien. 


ET LE COUPLE DANS TOUT CELA ?

Structurellement, le deuil éloigne. Cela dépend de plusieurs facteurs, la place de l'enfant dans le couple, les faiblesses du couple et la capacité de chacun à y faire face pour se resouder.  Impression fausse que l'autre n'est pas en phase. Possibilité de s'épauler pour tenir.

Pour les personnes seules, c'est difficile. Lien avec ceux qui ne vous ont pas connu avant ; pas envie de se réduire à parant endeuillé ; nécessité plus tard de le dire car c'est une identité même si elle n'existe plus aux yeux du monde. "Tu sais, j'ai eu un enfant et il est mort" .

L'AVENIR

 

Comment se projeter quand il ne nous reste plus d'enfant, que personne ne fera de nous un grand-parent, ne s'occupera de nous âgé ? c'est toute notre projection dans l'avenir qu'il va nous falloir réinventer.

LES AUTRES

Certaines remarques maladroites sont particulièrement blessantes. Entre ceux qui essaient mais qui se sentes démunis,  d'autres qui prennent de la distance par peur du malheur, le rapport aux autres n'est pas facilité et parfois, on change d'amis.

FAIRE EXISTER MON ENFANT DANS LE MONDE

Faire en sorte qu'on ne l'oublie pas, une peur enfouie au fond de soi : s'investir au nom de son enfant dans une association, un livre, don etc. ou prendre un engagement entre soi et l'enfant perdu. Cette manière de retisser un lien social, professionnel va aider à structurer la journée mais il faut rester vigilent sur l'excès qui consisterait à s'enfermer dans cette seule identité de parent endeuillé.

UNE NOUVELLE RELATION AVEC CELUI QUI N'EST PLUS 

Au bout de cinq ans
- Le parent est une nouvelle personne
- Nouvelle relation avec celui qui n'est plus, passée de "extérieure  à  "introjectée" (mettre en soi), sentir sa présence. On n'y pense plus en continu (sans oublier).
- Identification positive : on devient ce que l'on est grâce à l'amour partagé avec notre enfant perdu.

Ceci ne peut être entendu juste après la perte de l'être cher. Le DEUIL est un processus de cicatrisation qui nous échappe ; on ne peut faire l'économie de la souffrance. Ce travail suppose de laisser remonter ses émotions, ce qui peut être aidé par la tenue d'un journal, l'écriture, les groupes de soutien...


QUATRIEME ETAPE                                             LA PHASE DE RESTRUCTURATION

(Cela aurait-il un sens de parler d'étape de "fin" de deuil ? )
Elle met en route la RECONSTRUCTION. En vérité, elle se chevauche avec les étapes précédentes de déstructuration selon les degrés d'avancement de nos différents niveaux. On redéfinit son rapport à la fois aux autres, à la personne qu'on a perdue et à soi-même. On est différent à tout jamais.

 

REINVESTIR SON EXISTENCE

Faire le "deuil du deuil" sorte d'univers protecteur pour se forcer à réinvestir sa vie et veiller à un équilibre entre son existence et le lien fort avec mon enfant.

LE VECU EMOTIONNEL DU DEUIL 

Le temps du deuil ne saurait se résumer à l'absence ; il porte en lui toute la relation. Le deuil à venir est conditionné par ce qui s'est passé avant le décès. tant par la NATURE DU LIEN, la durée, la qualité que les CIRCONSTANCES DU DECES attendu, brutal, le vécu ne sera pas le même pour chacun.


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Il y a potentiellement au bout du chemin ce goût doux amer de la douceur de se réapproprier la personne qu'on a aimée et la souffrance éternelle de ne plus l'avoir au quotidien à ses côtés. Il s'agit processus d' intégration de cette réalité

C'est vraiment un long chemin et c'est ça le DEUIL, très différent de l'oubli.
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GRILLE DE LECTURE SUPER SIMPLE

3 QUESTIONS 5 TIROIRS



1/ -- QUI AS-TU PERDU ?

Parle-moi de la personne, montre-moi une photo

parle moi de votre relation et ça 1000 fois 

2/ -- RACONTE-MOI CE QUI S'EST PASSE ?

le récit par le menu, tous les détails, encore et encore, même pendant des mois, c'est le bon chemin



Comment aborder

ce thème ?

Comment aider ? 

3/ -- OU EN ES-TU ?


=> PHYSIQUEMENT

Ton hygiène de vie, ton appétit, au niveau de ton corps, exercices physiques, 

Est-ce que tu te fais aider ?

=>PSYCHOLOGIQUE

Tes émotions, culpabilité, tristesse, peur, colère

=> SOCIAL

As-tu des amis, des alliés ? 

Si peu d'alliés, se mettre en lien avec des associations pour l'écoute

=> MATERIELLEMENT

Où en es-tu?

=> SPIRITUELLEMENT

Dans ton rapport au monde



"Avant de porter un jugement 
Sur la vie de quelqu'un, 
Mets ses chaussures.
Parcours son chemin, ses montagnes. 
Vis son chagrin
et aussi sa tristesse parfois si profonde...
Parcours les années qu'il a parcourues
Et trébuche là où il a trébuché. 
Mais relève toi à chaque fois
Tout comme il l'a fait. "