Des deuils particuliers

Une vie si courte soit-elle laisse toujours une empreinte

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LE 15 OCTOBRE - JOURNEE DE SENSIBILISATION AU DEUIL PERINATAL

"Aujourd'hui plus qu'un autre, on se souvient de tous les petits bébés nés endormis, ou nés vivants puis endormis.  Aujourd'hui plus qu'un autre, on leur reconnait une identité, une existence. Aujourd'hui plus qu'un autre, on pense à eux, à leurs parents, à leurs familles pour qui un monde s'est écroulé. Enfin aujourd'hui plus qu'un autre on affiche le ruban Rose et Bleu symbole de notre soutien pour les paranges." Pour l'occasion, des MARCHES sont organisées

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LA PERTE D'UN BEBE

COMMENT SURMONTER LE DEUIL D'UN BEBE ?

COMMENT SURMONTER LE DEUIL D'UN BEBE ?

La perte d'un bébé pendant la grossesse plonge les parents dans une détresse indicible. Comment traverser cette épreuve ?
 

Eléments de réponse avec Marie-José SOUBIEUX, pédopsychiatre, psychanalyste et auteure du livre "Le berceau vide". 

--- Le deuil périnatal, un "deuil à part"

 

"La peine ressentie par les parents ne dépend pas du moment auquel se produit le décès de l'enfant", prévient Marie-José Soubieux, pédopsychiatre, psychanalyste et auteure du livre Le berceau vide. "On parle de deuil périnatal dès vingt-deux semaines d'aménorrhée jusqu'à une semaine après l'accouchement, mais pour certains parents, la fausse couche tardive (après quatorze semaines d'aménorrhée) peut déjà signifier le deuil d'un enfant. Tout dépend de la façon dont la grossesse a été investie". 

La perte de l'enfant s'avère extrêmement violente pour les parents car "elle bouscule l'ordre des générations", poursuit la psychanalyste. " Elle place les adultes devant leur propre mortalité et les oblige à porter un regard nouveau sur la vie ", constate la thérapeute qui anime des groupes de paroles de mamans sur le sujet à l'Institut de Puériculture et de Périnatalité de Paris. "C'est une double douleur: la perte de l'enfant signe aussi l'arrêt du processus de parentalité. Les parents qui perdent un bébé [appelés les "paranges", comprendre "parents d'un ange"  souffrent alors d'un manque de reconnaissance de leur statut et de leur deuil. " 

--- Vivre le deuil pour tenter de l'accepter

 

Il est alors extrêmement important que les parents confrontés au deuil périnatal puissent connaître tous les moyens dont ils disposent pour faire reconnaître leur situation. La maternité les informe généralement des dispositions qu'ils peuvent prendre en matière de funérailles. Celles-ci peuvent avoir lieu sous la responsabilité de l'hôpital ou de ses parents qui décideront une crémation ou une inhumation. 

En premier lieu les parents ont la possibilité de reconnaître leur enfant et de l'inscrire sur le livret de famille dès quinze semaines d'aménorrhée depuis la circulaire du 19 juin 2009. Ils peuvent également lui donner un prénom. L'usage du nom de famille n'étant réservé qu'aux enfants nés vivants. Les parents bénéficient d'un délai illimité dans le temps pour prendre la décision de cette reconnaissance. "En effet, certains couples ne parviennent pas à faire un choix tout de suite ou ne ressentent le besoin d'une reconnaissance que plusieurs jours, semaines ou même années plus tard", précise Marie-José Soubieux. D'ailleurs, la circulaire autorise rétrospectivement la reconnaissance d'enfants morts nés jusqu'au 11 janvier 1993 .  

--- Un deuil dont il faut délimiter les contours

 

En dehors de ces questions, les parents se retrouvent devant d'autres considérations à première vue morbides, mais pour certains essentielles au processus de deuil. Veulent-ils connaître le sexe du bébé, le voir, le tenir dans leurs bras ? L'habiller avec une tenue qu'ils ont choisie ? Prendre des photos de lui ? Certains établissements proposent même aux parents une empreinte du pied ou de la main de leur bébé en  souvenir.

"Je ne sais plus où je l'ai rangée mais je sais qu'elle est quelque part dans mes affaires", avoue émue Isabelle, 39 ans, qui a subi une IMG à quatre mois de grossesse. 

Des stèles virtuelles permettent aussi de poster une photo.
"
Toutes ces tentatives de garder une trace, réaliser une perte, faire reconnaître une douleur sont très personnelles et ne peuvent pas être jugées. En revanche, elles doivent rester des options pour les parents qui en ressentent le besoin. Surtout pas des protocoles prédéfinis qu'il faudrait se forcer à suivre. Cela serait extrêmement violent pour les couples dont le cheminement diffère", analyse Marie-José Soubieux.
Au contraire, la façon de vivre le deuil d'un bébé gagne à rester singulière.
"Nous avons planté un arbre en son souvenir", explique pudiquement Annabelle, qui a du accoucher à six mois d'un bébé mort in utéro. 

Des initiatives pour aider les parents à rendre concrète leur histoire se développent. C'est le cas du crématorium du Père Lachaise à Paris qui organise chaque trimestre " La cérémonie des touts petits " ou du cimetière de Thiais (94) et son "carré des anges" qui propose un "jardin du souvenir" où les parents peuvent déposer une fleur, une veilleuse, un doudou pour se recueillir. Il existe aussi une journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. L'association Une fleur une vie organise aussi une journée de sensibilisation. 

--- Faire reconnaître la douleur pour ne plus la porter

"Trouver un moyen de faire reconnaître la douleur, mais aussi de transmettre la mémoire de l'être disparu, permet aux parents de ne plus porter le deuil", explique Marie-José Soubieux. Sans ce travail, les émotions restent emprisonnées, elles envahissent l'esprit et utilisent une grande partie de l'énergie des parents qui auront beaucoup de mal à réinvestir la vie paisiblement. "Le chagrin devient alors le seul lien avec le bébé, le moyen de ne pas le trahir. Ainsi, je vois beaucoup de mamans qui ne parviennent pas à se débarrasser des kilos de cette grossesse arrêtée comme si leurs formes traduisaient la preuve irréfutable de leur parcours et de leur blessure".
Pour Marie-José Soubieux, il est alors urgent d'extérioriser la souffrance, de "l'élaborer". L'entourage, par pudeur, par peur de prononcer une mauvaise parole, ne sait pas toujours comment aborder la question. Le meilleur moyen d'éviter l'impression d'une indifférence reste donc de trouver une oreille experte en s'aidant des associations comme l'Agapa ou L'Enfant sans nom, d'un thérapeute ou d'un groupe de paroles. 

L'Express enfant par Katrin ACOU-BOUAZIZ du 05/12/2014

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Les hommes et les femmes, de nature ne vont pas vivre la grossesse de la même façon. Celle-ci peut leur paraître plus abstraite qu'à la mère et ce n'en est tout aussi perturbant pour eux. Il n'est pas rare que pour se rassurer on les voit s'impliquer dans des actions qui semblent plus concrètes pour eux comme préparer la chambre du bébé.

Pour autant, ils peuvent ne plus savoir comment ils s'appellent depuis la première échographie. Il peut tout autant réagir en sautant sous la pluie et ne plus savoir qui il est, que rester digne, vaguement pâlir et hausser discrètement un sourcil. Bref, il le vit comme il peut. Malheureusement, il ne communique pas toujours et comme la mère est bourrée d'hormones, elle peut parfois se sentir décalée voire seule. Encore plus délicat si les fausses couches se répètent et ce plutôt en début de grossesse. Il peut se protéger derrière un masque.

Sa femme pleure et il minimise pour passer à autre chose, essayant maladroitement de la consoler. Exactement pas ce qu'elle veut entendre. 

Pour ne pas passer pour obsédée par ses fantômes, elle pleure la nuit et inconsciemment en veut aux autres, à leurs phrases blessantes :
"tu y penses encore ? ", "tu en auras d'autres" (qu'est-ce que tu en sais ? Tu fais dans la voyance toi maintenant ? C'est celui-là que je voulais, que j'ai aimé à la seconde où j'ai su qu'il existait) ou "tu sais les enfants, c'est aussi tellement de soucis. Souvent je t'envie" (celle-là lui donne envie de rugir !) .  Elle lui en veut aussi à lui. Elle sait que ce n'est pas juste et se doute qu'il souffre. Mais pas autant qu'elle, elle en est sûre !! 


Elle l'a bien vu s'attarder un peu trop longtemps derrière la fenêtre avec les enfants qui jouent dehors. Mais il s'abrutit de T.V ou d'activité plutôt que de croiser son regard. Et puis, ils ne s'entendent plus. Non, ce n'est pas exactement ça... Les choses ne sont plus pareilles. EUX ne sont plus pareils.

Alors elle fait semblant, sourit aux invités et craque dans sa cuisine. Son cœur se déchire à la sortie de l'école en bas de chez elle, lorsqu'elle dépanne sa voisine trop occupée avec ses quatre enfants. quatre enfants, ironie du sort ! Elle en demande seulement un, pour le tenir dans ses bras, le sentir, se lever la nuit pour le regarder dormir. Se faire appeler maman, rien qu'une fois...

Elle a envie de hurler quand sa voisine se plaint... Mais tais-toi, par pitié pour moi, pour ma chair, mon ventre qui crie famine. "Qu'est-ce que tu regardes ? C'est un ticket, mes courses de ce matin. Et oui, ça coûte une famille nombreuse ! "Elle sourit. Elle est gentille ma voisine. Elle vient de m'enfoncer un poignard dans le cœur et je vais dans sa salle de bain pour essuyer mes larmes mais elle est gentille. Craquer devant un ticket parce qu'elle y a lu couches et petits pots... Dieu, elle l'a imploré.  Jour et nuit. Il n'a pas voulu. Peut être que ce n'est pas pour elle. Ne lui dites pas que ce mal est un bien pour elle. Pas maintenant. Elle n'est pas en mesure de l'entendre. Ne faites pas celui qui comprend. Si vous n'êtes pas passé par là, alors vous ne comprenez pas. Laissez la prier seulement si ELLE le désire et bercez la doucement en silence. C'est tout ce dont elle a besoin.
                                                                                                                                                                                               STME

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Naissance d'un bébé mort-né 

COMMENT VIVRE LE SÉJOUR À LA MATERNITÉ ?

COMMENT PRÉPARER LA NAISSANCE D'UN BÉBÉ MORT-NÉ ?

La naissance d'un bébé mort-né ou le décès d'un bébé peu après sa naissance sont toujours un choc immense pour les parents. Alors qu'ils attendaient la vie, se réjouissaient de la sentir au creux du ventre maternel, c'est la mort qui, soudain, arrive. Sidérés, en état de choc, non préparés à ce qui les attend, les parents doivent faire face à de nombreuses questions : veulent-ils rencontrer leur bébé ? Lui donner un prénom ?...

Il leur est particulièrement difficile d'y répondre, alors qu'ils sont assaillis par des émotions violentes, les premières d'un deuil douloureux. Le déni, la colère, la tristesse, la culpabilité les submergent.

Pourtant, beaucoup de gestes à poser, pendant ces jours très courts qui séparent l'accouchement ou la mort du bébé de sa crémation ou son enterrement, pourront les aider à être plus en paix par la suite.

--- Exprimer ses craintes, se faire entourer par le personnel médical.

Les parents ont souvent peur que leur bébé soit "monstrueux", qu'il ait des difformités qui aient causé sa mort. Ces peurs sont très présentes lorsqu'il a fallu procéder à une IMG car le bébé présentait des anomalies incompatibles avec la vie.

Le plus souvent, discuter avec les sage-femmes ou les médecins permettra de les rassurer ou de les préparer à voir le bébé en prenant la mesure de son état physique. La plupart du temps, aucune malformation ne sera visible.

Pouvoir ainsi s'appuyer sur les professionnels, exprimer ses besoins, oser poser les questions que l'on a en tête, se laisser entourer, c'est un premier pas pour savoir ce que l'on veut pour soi et son enfant.

--- Voir le bébé décédé

¤ Faire connaissance avec son enfant par delà la mort.

De nombreuses études montrent combien, le plus souvent, rencontrer leur bébé aide les mamans, les papas, à réaliser ce qui leur arrive et à se sentir plus apaisés ensuite.

Cette rencontre permettra de se bâtir des souvenirs, de reconnaître le bébé comme membre de la famille. Souvent, les parents s'émerveilleront de ses mains, reconnaîtront la forme de sa bouche, tellement semblable à celle de sa grand-mère, ou une similitude émouvante avec les autres bébés de la famille.

Parfois, les parents n'osent pas prendre l'enfant dans leurs bras, comme s'ils étaient dépossédés de leur autorité et de leur légitimité.

Ils peuvent pourtant porter leur bébé, défaire les couvertures et les langes pour observer son petit corps s'il le souhaitent.

Rien n'est obligatoire, mais tout ce que dicte le coeur doit être possible, avec une infinie délicatesse.

Cette rencontre permettra aux parents de s'ancrer dans cette réalité difficile, et, la plupart du temps, restera un beau moment, doux et tendre.

¤ Prendre soin de son enfant, avec tout son amour.

C'est aussi l'occasion de prendre soin de son bébé, de faire ce que l'on peut pour lui, à ce moment là.

Il est possible de l'habiller d'un joli pyjama ou de se rapprocher d'associations pour qu'il soit enveloppé dans de beaux langes tout doux. On peut aussi demander à une sage-femme de le faire pour soi, si cela semble trop difficile ou fait peur.

On peut mettre avec le bébé un joli doudou, des dessins, des photos de la famille, des mots tendres... 

C'est très réconfortant, par la suite, de savoir que l'on a fait selon son coeur, avec tout son amour.

Dans certains pays, les parents peuvent donner le bain à leur bébé, prendre ainsi soin, une dernière fois, de son corps.

¤ Passer du temps avec son bébé, parce que ces instants ne reviendront plus.

Les moments qui s'ouvrent aux jeunes parents sont extrêmement courts. 

Pour autant, il leur est possible de demander à passer autant de temps qu'il le souhaitent avec leur bébé. Ils peuvent demander aux sage-femmes de monter l'enfant dans leur chambre ou demander à aller le voir à la chambre mortuaire de l'hôpital, ou à la chambre funéraire des pompes funèbres si une cérémonie est organisée par les parents.

J'ai même vu que, aux États-Unis, certaines maternités étaient équipées de couffins réfrigérés qui permettaient à la mère de garder son enfant à ses côtés pendant la durée du séjour hospitalier. 

C'est très important, car les jours qui suivent le décès du bébé sont les seuls moments que ses parents pourront passer avec lui et garder en mémoire. Or, les souvenirs existants avec le défunt permettent de traverser un deuil, de prendre conscience du lien d'amour vivace qui existe entre le disparu et ceux qui le pleurent.

Dans le cas d'un deuil périnatal, l'absence de moments partagés peut compliquer ou bloquer le processus. 

Construire ces souvenirs tant qu'il en est encore temps est donc primordial.

--- Garder des souvenirs du bébé décédé.

Les parents pourront conserver un ensemble de souvenirs du bébé. Ils en auront besoin au début du deuil, car voir et toucher les traces du passage dans leur vie de leur enfant leur fera du bien.

Ces petits objets leur permettront également de parler avec leurs proches, leurs enfants vivants, du petit disparu et de son histoire.

¤ Lorsque c'est une IMG qui est programmée.

Les parents auront eu quelques jours pour se préparer. Ils auront alors pu acheter en double les petits pyjamas ou nids d'ange, le doudou qui restera auprès de leur enfant.

Certaines mamans gardent parfois ces objets contre elles en attendant la naissance, afin que leur bébé parte dans l'au delà enveloppé de leur odeur. C'est un geste d'amour très touchant, qui peut aussi être apaisant pour la mère, si elle en ressent le besoin.

¤ Dans le cas où la mort de l'enfant survient de manière brutale et inattendu
e.


De nombreux gestes peuvent être posés et permettre de garder de nombreux souvenirs du bébé.

¤ Il est possible de prendre des photos de lui. 

Il faut savoir que les hôpitaux français prennent systématiquement une photo des bébés décédés, et les gardent à la disposition des parents, même de nombreuses années après. Si les parents sont trop choqués pour prendre eux-même des photos, ou qu'ils ne le souhaitent pas sur le moment mais changent d'avis par la suite, ils peuvent donc demander à l'hôpital de leur donner.

Cependant, ces photos sont avant tout médicales, froides, et peuvent ne pas correspondre à l'imaginaire des parents. Parfois, des problèmes techniques peuvent survenir (défaillance d'une carte mémoire... ) et aboutir à l'absence de photo. C'est alors extrêmement douloureux pour les parents.

Pour ceux qui souhaitent un souvenir photographique, qui le savent au moment de la mort de leur bébé, qui s'en sentent capable, il vaut donc mieux s'en charger eux-même.

Les photos seront alors plus chargées de tendresse. Elles pourront aussi être cadrées sur ce que les parents veulent garder en mémoire : un joli visage, des doigts délicats, une photo de famille...

Aux États-Unis, une association propose également aux parents les services de professionnels bénévoles, pour des photos magnifiques, empreintes d'émotion et d'un immense respect. En France, des initiatives mûrissent dans le même sens. Peut-être que cela sera bientôt possible ?

¤ Des souvenirs concrets du passage sur Terre du bébé peuvent également être conservés : empreintes, moulages, mèches, bracelet de naissance...

De plus en plus de maternités proposent aux parents endeuillés de déposer sur un papier la marque de la main de leur bébé. L'association SPAMA a mis au point une valisette, qu'il suffit de demander et qui permet de garder les différents souvenirs du bébé, ses petites affaires, ainsi que des messages des proches, éventuellement des personnels soignants... 

Si rien n'est proposé, les parents peuvent également, s'ils le souhaitent, prendre eux-même l'empreinte de la main ou du pied de leur bébé, garder en souvenir une mèche de ses fins cheveux ou confectionner un moulage.

On trouve, dans de nombreux magasins, des Kit de Moulage et d'Empreintes conçus pour les nouveaux nés qui seront tout à fait adaptés et permettront d'imprimer facilement la forme de la main de l'enfant sur un support souple à encadrer.

¤ Le bracelet de naissance, la pince du cordon constitueront d'autres souvenirs précieux.

Toutes ces traces de vie permettront aux parents d'accepter la réalité de la naissance mais aussi de son issue. En affirmant l'histoire du bébé, aussi courte soit elle, en la reconnaissant comme importante, les parents peuvent s'autoriser à la pleurer mais aussi à garder, dans le creux de leur cœur, tout ce qu'ils ont vécu de merveilleux avec l'enfant qu'ils attendaient. C'est ainsi, petit à petit, en reconnaissant l'existence de leur fils ou de leur fille dans leur vie personnelle, de couple et de famille, qu'ils apprendront à vivre avec son absence et sa mort.

--- Inscrire l'enfant dans la lignée familiale.

Petit d'homme, l'enfant à naître n'a pourtant, pour les autres que la mère, qu'une existence en creux : on le devine sous le ventre rond, on parle de lui, on l'attend. 

Avant la naissance, nul ne l'a vu, nul ne l'a entendu.

Pourtant, il fait déjà partie de la famille. Quoi qu'il arrive, cet enfant là aura sa place dans la fratrie, parmi les cousins et cousines... Il sera l'aîné, celui qui aurait eu le même âge que...

On sait maintenant combien gommer sa mort, et donc sa vie, de l'histoire familiale est douloureux. Douloureux non seulement pour la mère, pour le père, mais aussi pour l'enfant d'après, qui peut devenir "de remplacement", avec tout ce que cela suppose de difficultés, pour les aînés, et pour la famille en général, sur qui le deuil et les angoisses de mort des parents peuvent rejaillir.

Accueillir l'enfant mort-né, lui donner la place qui lui revient dans sa famille est donc primordial.

¤ Présenter le bébé décédé à la famille et aux proches, pour le pleurer ensemble. 

A l'heure des présentations, pris par leur douleur, par une pudeur bien naturelle, désarmés, les parents n'osent pas toujours inviter leurs proches à voir leur enfant.

Pourtant, dans la mesure du possible, de la sensibilité de chacun, cette rencontre peut être un moment fort, et peut également permettre, par la suite, à l'entourage de mieux comprendre le deuil qui frappe les parents, de mieux ressentir et exprimer le leur aussi. Oncles, tantes, grands-parents, parrains, marraines sont en effet touchés par le décès du bébé, sans toujours savoir comment l'exprimer, par égard pour la douleur des parents. Vivre ensemble un moment autour de l'enfant, savoir à qui il ressemble, être rassuré sur son apparence physique constituera, lorsque la rencontre peut se faire, un ciment fort pour la famille.

¤ Laisser ses frères et soeurs l'embrasser, pour qu'eux aussi aient des souvenirs et se sentent inclus dans la famille.

De la même manière, frères et soeurs peuvent souvent venir voir le bébé et le tenir dans leurs bras, après que les parents en ont discuté avec le personnel soignant. Moins choqués que les adultes par la mort, ce sera souvent pour eux un temps fort, marqué par la joie de se sentir réellement grand frère ou grande soeur. A titre personnel, le seul regret de mon aînée est de ne pas avoir vu sa soeur. Elle nous le reproche régulièrement, alors que nous pensions la protéger...

¤ Nommer l'enfant par son prénom, l'inscrire sur le livret familial, pour une reconnaissance officielle.


Pour ancrer l'enfant de sa famille, la législation française permet également aux parents, une fois le premier trimestre de la grossesse passé, de donner à leur enfant un prénom et de le faire figurer sur le livret familial.

- Dans le cas où l'enfant est mort-né,
(c'est à dire né vivant mais non viable (né avant 22 semaines aménorrhée ou 500g de poids) ou mort-né plus tard dans la grossesse)

le prénom figurera dans un acte d'enfant né sans vie et sur le livret de famille à la section "décès". L'enfant ne portera pas le nom de la famille.

Ces démarches constituent un choix pour les parents. Elles ne sont pas obligatoires. 

Si les parents, qui n'avaient pas voulu ou pas pu, au moment de la naissance, les accomplir, changent d'avis, ils peuvent se rendre à l’État Civil, en produisant un certificat d'accouchement, sans limite de temps. Le travail de deuil peut ainsi se faire au rythme et selon les besoins de chacun.

- Dans le cas où l'enfant est né viable, et a vécu avant de décéder,

Un acte de naissance, puis de décès seront établis. La filiation est alors inscrite et les parents sont tenus de donner un prénom à leur enfant.

Le choix du prénom, le fait de pouvoir nommer l'enfant permettront de l'ancrer symboliquement dans l'histoire familiale, de lui donner une juste place. C'est une avancée importante pour la reconnaissance du deuil périnatal.

Par la suite, les parents pourront poser d'autres actes pour leur bébé : choisir de l'enterrer, de le crématiser ou qu'il repose dans un "carré des anges", choisir un faire-part de décès ou l'envoi de cartes de remerciement, écrire son histoire, lui dédier un coin dans le jardin ou la maison...

Il existe mille manières, propres à chacun, de vivre avec ce deuil. Nous en reparlerons plus tard.

Chacun des gestes posés aidera les parents, les proches, à donner au petit mort sa juste place, celle qui est la sienne, lui qui n'est plus parmi les vivants mais qui laisse une trace indéniable, faite d'amour, de larmes et de sourires. C'est en effet en reconnaissant l'existence et la valeur, pour ceux qui l'aiment, de sa vie qu'on permettra à son entourage de, petit à petit, vivre de manière apaisée avec sa mort...

Claire Chambon Maman de 4 enfants et d'un petit ange
http://chemin-de-deuil.blogspot.fr/2015/01/souvenirs-naissance-bebe-mort-ne.html?m=1


AGAPA Finistère (29) espace de parole pour celles et ceux qui sont touchés par la perte  anténatale ou périnatale

tél : 06 30 27 67 93 (Brest) ou 06 30 27 67 96

 

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VIDEOS 

  Marie-José Soubieux 

Qu'appelle-t-on deuil périnatal ?

Le couple face au décès d'un bébé

L'enfant qui vient après un bébé mort - Vu du côté de la maman

SOUBIEUX Marie-Josée : Le berceau vide



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