« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents, dans la mémoire des vivants. »                                                                                Jean d'Ormesson


Bienvenue sur le site Sans toi mon enfant, créé par Marie STME. 

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Et si on te demande

Et si on te demande si j'y pense encore, dis-leur qu'elle est ma première et ma dernière pensée de la journée et qu'il en sera ainsi tant que je serai en vie.

Et si on te demande si je suis en vie, réponds que je survis plutôt mais qu'à la longue, je n'irai pas jusqu'à dire que l'on s'y habitue mais on n'a pas d'autre choix que de faire avec.

Et si on te demande s’il me manque, crie-leur qu'il n'y a pas de mot pour exprimer le vide inhumain et que je leur souhaite de ne jamais comprendre.

Et si on te demande si j'aime le printemps, réponds-leur que je sors d'un hiver sans fin et même s'il est bon de revoir la nature, l'arrivée des beaux jours fait encore mal bien souvent.

Et si on te demande si je continue de le chercher, étonne-toi de cette question. Je respire son parfum, caresse un tissu, pose mes pas dans les siens... J'ai perdu les moments d'égarement du début où je croyais l'apercevoir au détour d'une rue. Il m'arrive encore de croire le reconnaître par une silhouette qui lui ressemble. Mon cœur se serre jusqu'à m'étouffer. Je n'ai plus de jambes et m'assois sur le premier siège improvisé.

Et si on te demande comment j'ai fait, je n'en sais rien, j'en suis la première choquée. Quel genre de personne peut résister à la mort de son enfant ? Mais avant qu'ils ne parlent sur moi ou osent me critiquer sans aucune décence, qu'ils n'oublient pas que cela n'arrive pas qu'aux autres. J'ai été comme eux, enfin... J'espère que non. Et s'ils m'admirent, ils ont tort. J'ai subi et si j'ai fait preuve de courage, cette dignité que j'essaie de conserver est l'hommage pour sa mémoire et le combat qui me reste.

Et si on te demande si je suis heureuse alors ne réponds rien car mon bonheur est ailleurs. Bien sûr des moments de joie sont bienvenus, ne serait-ce que par respect pour ceux que tu n'as pu recevoir mais je m'applique avant tout à rendre mon malheur plus supportable. Avec le temps, il se fait plus léger. Familier, il me tient compagnie quand ton absence m'est impossible.

Et si on te demande qui je suis aujourd'hui, il y a du progrès. Je ne suis plus cette plaie béante, ce parent brisé, désenfanté, ce trou sans fond au creux de mes reins. Je ne sais pas toujours qui je suis, perdue dans ce monde sans toi. Je suis ta mère tout simplement...
A jamais dans mon cœur.

Marie STME ©

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En partenariat avec l'association JPV

Jonathan Pierres Vivantes 29, 22, 56

qui m'a accueillie chaleureusement.

 

Livre d'or

Commentaires: 1
  • #1

    Madie langelo (jeudi, 02 septembre 2021 16:52)

    J aimerais vous rencontrer un jour si possible. Texte magnifique sur la perte d un enfant merci ���