Le Télégramme                                                                                                     Publié le 07 juin 2016

Parents en deuil. « User la souffrance par la parole »

 

Samedi, à la salle Anne Péron, à Hanvec, l'association JPV 29, pour les parents endeuillés, organisait une rencontre autour du témoignage d'une maman. Nous avons rencontré Hervé Poëns, président de l'association.


Hervé Poëns, qui préside JPV29, encourage les parents endeuillés à parler de leur situation et d'éviter l'enfermement.

Pouvez-vous présenter votre association ?
JPV 29 (Jonathan Pierre Vivantes) est la déclinaison départementale d'une association nationale, dont l'objectif est de venir en aide aux parents endeuillés d'un enfant, ainsi qu'aux frères et soeurs. Lorsque l'on perd ses parents, on est orphelin. Lorsque l'on perd son conjoint, on est veuf. Mais, la langue française n'a jamais réussi à trouver un mot pour définir un parent endeuillé. Nous comptons aujourd'hui sur le département 39 familles adhérentes.

Comment venez-vous en aide à ces parents ?
Les personnes qui font l'accueil et l'accompagnement sont des parents eux-mêmes endeuillés qui ont été formés. C'est là notre grande spécificité. Nous assurons de l'écoute téléphonique et animons des groupes de paroles qui se réunissent une fois par mois, à Brest et Quimper. Nous avons le projet d'ouvrir un troisième groupe à Morlaix. Ce que l'on ressent en premier lorsque l'on arrive au sein de l'association, c'est la compréhension qu'on peut lire sur le visage des autres adhérents. Une compréhension qu'il est forcément difficile de trouver ailleurs.

Se retrouver entre parents endeuillés pour parler de sa souffrance et de l'être disparu est-elle la meilleure manière de s'en remettre et de tourner la page ?
L'auteur et psychiatre Christophe Fauré dit que pour se débarrasser de sa souffrance, la seule alternative, c'est de l'user par la parole. Ne pas parler aboutit à l'effet contraire. Si je pouvais suggérer une chose aux parents endeuillés, c'est de ne surtout pas se renfermer. Il faut trouver des lieux pour évoquer la perte. Après un temps de sidération et de retrait sur soi, arrive un moment où il faut en parler. Et, ce n'est pas parce qu'on parle de sa souffrance, qu'on l'entretient.