AVEC CELUI QUI N'EST PLUS
La fratrie se
ressent comme une équipe TRAHIE, très traumatisée par ce départ volontaire semble-t-il qui les prive d'une partie d'eux-mêmes en emportant une partie de leur enfance, les
souvenirs, la relation à celui qui n'est plus, pleine de complicité, de connivence et de conflits aussi.
Pourquoi ne pas avoir appelé à l'aide alors que nous étions là, en tous cas pour certains ? A la lourde CULPABILITE de ne pas avoir assez pris la mesure la souffrance s'ajoute comme
en tel cas une profonde COLERE.
Nos propres ANGOISSES liées à ce choc nous font imaginer celles qui ont pu être les siennes. On cherche à comprendre par
des signes, messages et tout ce qui pourrait expliquer la brutalité de ce geste mais en respectant cependant plus facilement peut-être la part de MYSTERE que les
parents.
AVEC LA FRATRIE
Ce suicide marque changement dans la fratrie au niveau de l'ordre, de l'écart, ce qui est souvent plus lourd à porter pour les aînés notamment au niveau de la culpabilité. Il n'est pas rare
que l'enfant restant devienne enfant unique, solitude pesante face au chagrin de ses parents.
Il arrive que la famille s'éloigne, comme dans tout deuil qui exacerbe les tensions et fragilise si les liens sont déjà distendus.
Mais on assiste également à un rapprochement entre les frères et soeurs restants, plus à l'écoute du moral de chacun. Il en est de même de leurs compagnons qui les soutiennent dans cette
recomposition qui se veut plus soudée.
AVEC LES PARENTS
Généralement, les frères et soeurs ont paradoxalement l'impression d'être surprotégés et celle de ne plus compter aux yeux des parents, qu'ils ne comprennent pas de parler autant de la personne
décédée.
On ne parle pas facilement de sa souffrance, par peur de faire plus de chagrin à ses parents, pas plus que du drame vécu différemment, source de tensions et de non-dits révélateurs d'un passé non
apaisé.
Les enfants se trouvent pris dans ce couple endeuillé et font office de médiateurs alors que la communication et la vie en commun sont parfois devenus difficiles.
DANS SA VIE PRIVEE
Il n'est pas simple de se construire un projet familial après avoir vécu un tel drame.
Certains vont se refermer sur eux-mêmes, désintéressés ou incapables de s'investir dans une relation à l'autre.
D'autres préféreront s'engager dans des relations affectives profondes qui les accepteront avec ce lourd vécu et la difficulté supplémentaire de donner la vie alors que cette peur de la perdre
est si présente.
C'est l'inconnu, beaucoup de questions et si peu de réponses. Comment en parler, à celui qui partage notre vie, à nos enfants, aujourd'hui, demain ? Nos repères sont
perdus.
AU NIVEAU SOCIO-PROFESSIONNEL
Le suicide nous fait basculer dans une brutale maturité. Avec la perte de l'insouciance, on se sent vulnérable, parfois désabusé sur les relations humaines.
Malheureusement, la société n'accorde pas assez de place au deuil des frères et soeurs. Que dire du tabou du suicide qui demeure encore trop présent ?
Certains frères et soeurs vont alors opter pour le silence, sorte de blocage sur un sujet délicat et trop douloureux. D'autres vont alors militer pour la levée de ce tabou, la prévention et la
libération de la parole.
Comme généralement dans tout deuil marquant et si proche, notre échelle de valeurs s'en trouve modifiée, nous avons envie d'changer davantage sur de nouveaux sujets comme le sens de la vie, un
chemin partagé qui nous conduit peu à peu à dépasser cette terrible épreuve pour en tirer une nouvelle force.
Février 2002
http://www.anjpv.asso.fr/fs_react2.htm