Des deuils particuliers
«Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes.» : Henri Calet.
Nous intervenons ici dans le cadre de l’association pour la
prévention du suicide Languedoc Roussillon à deux titres : d’abord parce que nous sommes impliqués personnellement par le drame du suicide, ensuite parce que au sein
de l’association Jonathan Pierres Vivantes nous accompagnons des parents en deuil d’un enfant
suicidé.
C’est une prévention dans la postvention. Autant dire
que plus que tout autre nous souhaitons apporter notre expérience spécifique pour que recule ce fléau, le tabou qui l’entoure encore et pour que la société toute entière
prenne en compte l’accompagnement des familles endeuillées par le suicide d’un enfant. Nous représentons ici notre association et c’est à ce titre que nous parlerons.
Stairs to the sky. Escalier vers le paradis. © Ariel Alexandre
Le suicide d’un enfant fragilise toute la famille. C’est une des pires violences qu’elle ait à vivre. Ici, pas de deuil anticipé, le traumatisme est brutal, irréversible. Chacun, à une place
différente est touché.
¤ Les parents d’abord qui trop vite, se sentent livrés à eux - mêmes face à cette intolérable souffrance qu’ils ne peuvent porter seuls.
¤ Les enfants restants se retrouvent isolés, sans véritable soutien de la part de leurs parents. Surtout, ils peuvent avoir l’impression d’être rejetés ou
simplement moins aimés que celui qui est mort, alors qu’eux - mêmes ont perdu un frère, une sœur et que souvent ils taisent leur douleur pour réconforter leurs parents.
¤ L’entourage familial aussi se retrouve démuni, impuissant souvent à faire
face à sa propre culpabilité et à apaiser la douleur des parents. Mais c’est là aussi, que se reconnaissent les vrais amis, les fidèles, qui grâce à un geste, un mot, une attention, leur seule
présence parfois les réconfortent, les soutiennent.
¤ La société enfin, même si de plus en plus d’associations se mobilisent, même si des congrès, des conférences, des émissions sur le deuil, le suicide ou
même des sites Internet sont proposés au public. Il manque du temps, des rites. La règle est encore que le deuil doit rester au cœur des gens. C’est une affaire intime. Passé le premier choc où
les proches sont très présents, il faut vite reprendre le travail, sa place sociale; on devient gênant, on fait peur ou suspecté de quelque pathologie si cela dure. On ne communique plus alors et
le refoulement de la souffrance engendre une violence, source de dépression, de maladie. A une époque où les progrès de la médecine ont fait reculer la mortalité infantile. Où l’on parvient à
cloner des êtres vivants. Comment admettre de perdre son enfant ? Comment admettre en plus qu’il puisse se donner volontairement la mort?
Face à ce malaise global, les familles peuvent s’isoler, choisir le non-dit, souvent se désocialiser c’est la route ouverte a un deuil pathologique où il faudra faire appel à des
professionnels.
Soit trouver suffisamment de ressources en elles pour inventer ses propres solutions, soit choisir de s’adresser à une association. C’est là que commence le travail de J.P.V.
COLLOQUE du 3 février 2004 A L’IRTS
Des RITES nécessaires
http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm/conf/endeuilles/textesexperts/cd.pdf
http://www.psydoc-france.fr/conf&rm/conf/endeuilles/textesexperts/FAURE.pdf
«On aurait pu dire le mot qui, faire le geste que… »,
C’est une ILLUSION, on n’interfère pas avec le désir de vivre ou de mourir de
l’autre.