Le décès d'un être cher peut parfois survenir dans des circonstances particulièrement brutales. Il nécessite alors une réponse spécifique.
FAIRE SON DEUIL APRÈS UNE MORT VIOLENTE
Si le deuil est déjà une épreuve en soi, il prend un aspect bien plus difficile en cas de mort violente. Quel que soit le type de décès (accident, homicide, suicide), une mort violente laisse les proches en état de choc. Une mort naturelle ou une longue maladie permettent de se préparer moralement au deuil et d’en anticiper les formalités concrètes. Une mort violente ne permet pas à ce processus de se mettre en place. Organiser des obsèques et entreprendre les démarches liées au décès se transforme alors en calvaire.
Quels traumatismes ?
La brutalité qui caractérise une mort violente fait souvent naître chez les proches un sentiment d’impuissance et d’injustice. Après le choc, c’est la colère mais aussi la culpabilité, en particulier si les proches ont le sentiment qu’ils auraient pu empêcher la mort du défunt. Ceci s’ajoute aux nombreuses questions qu’ils peuvent se poser sur la façon dont le disparu a vécu ses derniers instants. Ce traumatisme est assorti du regret de ne pas avoir assez exprimé son attachement au disparu avant sa mort.
Comment faire face
Dans un cas aussi extrême, il reste important de comprendre. Voir la dépouille, interroger les secours qui sont intervenus font partie des premières démarches possibles. Même pénibles, elles permettent de reconstituer les circonstances du drame et d’apporter des éléments à des questions qui, si elles demeurent sans réponse, peuvent devenir obsédantes. Surmonter un décès causé par une mort violente est un processus intense et très long : outre le deuil, les personnes survivantes peuvent se remettre en question et avoir du mal à faire des projets d’avenir, puisque la mort peut surgir de façon aussi brutale. Après la culpabilité, c’est la dépression qui peut s’installer.
Dans un tel contexte, il est important de ne pas s’isoler : s’entourer et rester en contact avec ses amis et sa famille reste essentiel. Communiquer, exprimer ses émotions avec des proches possédant une vraie capacité d’écoute est une étape. Les spécialistes soulignent également l’importance de conserver une bonne hygiène de vie : repas équilibrés, sommeil et exercice physique contribuent à préserver la santé et à faire face au deuil, à défaut de le surmonter.
Enfin, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste ou une association qui permettra aux personnes endeuillées d’échanger avec ceux qui ont perdu un proche dans les mêmes circonstances.
FAIRE SON DEUIL SANS CORPS
En cas de mort violente, l’absence du corps du défunt est un autre cas particulier qui rend le processus de deuil particulièrement difficile. Certains accidents (catastrophe naturelle, crash d’avion…) rendent impossible l’identification ou même la récupération des corps. L’absence de dépouille constitue alors une épreuve supplémentaire pour les familles. Car selon les experts, voir le corps est une nécessité pour les proches ; car cela leur permet de s’assurer de la réalité du décès. Dans le cas contraire, l’incrédulité demeure et l’imagination travaille, laissant les proches dans l’espoir de revoir la personne disparue un jour.
Rites et cérémonies permettent habituellement d’officialiser la rupture avec la personne décédée, de consacrer un lieu où se recueillir et de garder une dernière image du disparu dormant de son dernier sommeil. Sans corps, les familles sont privées de ces repères.
Dans ce cas précis, l’accès à une information exhaustive est une première étape de prise en charge. De nombreux experts soulignent la nécessité d’accompagner les familles, de leur confirmer la mort de leur proche, d’expliquer de façon claire et complète les circonstances du décès et les raisons pour lesquelles il est impossible de récupérer le corps.
Trouver des éléments de compensation est une deuxième étape : en l’absence de dépouille, c’est le souvenir du défunt qui reste. On peut par exemple mettre en place une chapelle ardente, puis organiser une cérémonie symbolique et déposer dans le cercueil objets ou vêtements appartenant à la personne disparue. A l’instar des morts violentes, la prise en charge de ce cas particulier de deuil implique psychologues et psychiatres, et des groupes de parole et d’échange avec des particuliers ayant vécu la même expérience.
En cas de disparition liée à une catastrophe, se rendre sur les lieux est un réflexe adopté par de nombreuses familles ; il permet d’inscrire le décès dans une réalité, si difficile soit-elle, d’appréhender le déroulé des événements, et permet de se rapprocher de la personne disparue à travers ses derniers instants.